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CONCERT "ROBERDAM" Malbouhans

Jeff Mougenot

23 juin 2022

Concert privé le 23 juin chez Jeff Mougenot / Roberdam, c'est l'histoire d'un artiste, qui canalise son énergie derrière des textes mis en avant, souvent sensibles et sans artifices.

BIOGRAPHIE





Il rêvait d’être acteur. Mais le sort en a décidé autrement. Roberdam a choisi de jouer différemment, en passant par la musique. À la sortie de son Ecole de musique (la M.A.I. à Nancy), il fonde son premier groupe Ravid’Vour’Voir pour sept années et trois disques de chanson française à tendance festive ; ensuite ce sera Les Garçons Trottoirs : un groupe de rue avec lequel il va taquiner une folk sauvage, sur trois albums et dans les Caf’Conc’ même les plus reculés de France. Puis en 2010, il s’est concentré sur ses affaires personnelles, menant un projet improbable : la co-écriture d’un polar musical de 53 minutes mêlant ses chansons aux images de Frédéric Arnould. Roberdam est têtu. Il va aboutir son concept pour le faire tourner sur les planches de France, pendant un an, dans une folle aventure de projections-concerts… Voilà pour ses années de jeunesse menées tambour battant. En 2014, Roberdam a décidé d’arrêter de courir. Ou alors il courra tout seul, à son rythme. C’est dans l’introspection qu’est née l’idée de ce premier recueil en solo. Lentement, doucement, en structurant des textes et des mélodies directrices au fil des humeurs et des rêveries. Il lui a fallu trois ans dans sa maison-bateau amarrée au bassin de La Villette à Paris, pour composer quatre titres d’abord, enregistrés et arrangés en tandem dans le « home boat » de son voisin de péniche, le multi-instrumentiste Quentin Bécognée. Un autre doux dingue. Tout est né là, sur l’eau, le regard pointé « Vers l’avant ». « Les textes viennent d’abord. Les mots donnent l’ossature de la musique, le rythme, le relief, une ligne de chant. Le travail d’arrangements est plus difficile pour moi. J’ai eu besoin de partager et d’échanger sur les musiques et leurs couleurs, de mettre des idées en commun avec des gens de confiance pour faire naître ces chansons pop à la française… Sous l’oeil aiguisé de Quentin, cette musique est apparue comme une évidence sur les mots que j’amenais. » Tout ira très vite, dans l’action, de nouveau. Aux quatre titres posés sur bande, s’en ajoutera une petite dizaine au fil de la réflexion, puis mis en musique à l’instinct et dans l’énergie au Studio Besco (dont il a essuyé les plâtres) avec le batteur et claviériste Alexis Campet. Les voilà donc, regroupés dans ce nouvel album solo, « Je rêve donc je suis ».





Quand Roberdam rêve, il parle. Parfois fort. Sa voix résonne dans chaque texte. Il porte le mot, la strophe et le sens avec le courage des auteurs ; il transforme les mots simples en une vibration, suivant à la lettre les leçons de Brel. Parce que Roberdam joue dans cette cour, à sa manière. Il trimballe avec élégance son petit bout de lorgnette sur le quotidien, sa mélancolie entretenue devant un réel implacable, et s’évade dans la quête d’un ailleurs injoignable. Il écrit sur le désir avec ses armes : le mot qui claque, la mélodie qui plaque et le sentiment qui craque. Roberdam vacille encore dans l’incertitude du lendemain et s’accroche à la promesse de l’air du temps, avec une fougue souterraine. « J’ai mis longtemps à aboutir ce projet. Je voulais donner une vie à mes mots et trouver un paysage musical où je pourrais raconter la mélancolie avec légèreté, avec cette couleur qui fait du bien. » Il n’y a qu’à relire les titres de ce disque pour s’en convaincre et mesurer la plénitude du personnage : « Vers l’avant », « Tout va bien », « Paris », « Tout et n’importe quoi », « Je rêve donc je suis ». Il est un peu country ici (« Quel pied »), baladeur chez Ennio Morricone là-bas (« J’ai la flemme ») un peu intimidé ailleurs (« Tes dessous »), romantique toujours (« Est-ce que tu m’aimes quand même », « Un été sous la pluie »). Mais la force de Roberdam, c’est sa délicatesse, son art du trait discret, de la rime assumée, dans son évidence prosodique, avec aplomb et densité. Son souci du climat confine celui de la justesse, de la recherche et l’exigence pour capturer des moments fragiles et les encapsuler dans un album à vivre, comme une fraction de vie séquencée en mini-métrages mélancoliques, mise en musique dans des écrins orchestraux, sentis et suggérés. Voilà, il est Roberdam, il rêve et… il est.

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